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La cryothérapie : explications générales des effets pour la santé et le sport

 
L’automne est bel est bien arrivé depuis quelques semaines. Il nous a apporté des ébauches de brouillard, une grisaille mélancolique et surtout un froid de canard. Tous plein de facteurs qui nous pousseraient plutôt à rester au chaud bien confortablement.

Pourtant, aussi désagréable qu’il puisse parfois paraitre, le froid peut être un précieux allié !

Beaucoup de méthodes thérapeutiques et de bien être utilise le froid pour guérir de nombreux mots. L’une des plus connue et ayant fait ses preuves est celle de Wim Hof, aussi appelé « Iceman ». Ce néerlandais propose une méthode qui mélange respirations et expositions aux basses températures pour se tonifier, améliorer sa concentration ou encore renforcer le système immunitaire par exemple.

Une autre méthode très en vogue est la cryothérapie et c’est cette dernière qui va nous intéresser dans cet article. Le principe consiste à exposer le corps à des températures extrêmement basses allant de -110° à -170°C. De nombreux protocoles sont proposés par différentes marques d’outillage spécialisé dans le domaine et font principalement varier la température et la durée d’exposition.

On différencie principalement l’exposition partielle (une petite partie du corps) de l’exposition du corps entier. Si l’exposition partielle semble principalement avoir des effets positifs sur les réactions inflammatoires, l’exposition au corps entier semble avoir une utilisation plus large. C’est sur cette dernière que l’on va s’attarder. Elle existe sous forme de pièce froide ou l’air ambiant est respirable ou sous forme de cryosauna ou la tête reste hors de la cabine et où l’on respire l’air d’une pièce à température ambiante.

Ci-contre, un de nos préparateurs physique dans un cryosauna, feintant la sensation de froid avec son sourire « détendu ».

Jean de La Fontaine (oui, celui des fables et passé maître des analogies) disait « L’homme est de glace aux vérités ; il est de feu pour les mensonges« . Entre le vrai et le faux, nous allons remettre de la nuance dans cet article pour expliquer le réel intérêt de la cryothérapie.

Fonctionnement et protocole

Pour fonctionner, le corps doit se thermoréguler et maintenir sa température centrale autours de 37°C, avec des variations quotidiennes et normales d’environ 1°C. « La température centrale s’écarte des normes […] lors de l’exercice musculaire, en cas de maladie ou dans des conditions environnementales extrêmes » (Kenney et al., 2011).

L’organisme peut maintenir constante sa température grâce à un thermostat (l’hypotalamus) qui active des systèmes d’évacuation ou de production de chaleur. Par exemple, la transpiration par évaporation ou un bain froid par convection permettent de réduire l’augmentation de la température. Dans l’autre sens, l’augmentation du métabolisme par la course à pied ou le fait de prendre une douche chaude permettent de réchauffer la température centrale.

Lors d’une séance de cryothérapie, on s’expose à une température de -110° à -180°C pour une durée de 2 à 3 minutes.

Par ce procédé, on fait descendre la température centrale (noyaux), ainsi que la température périphérique (écorce). Une température moins basse ne permet pas de faire baisser celle du noyau et si elle trop basse, elle fait geler la partie périphérique comme la peau ou les extrémités avant même que le noyau ait également baissé.

Le corps est rempli de thermorécepteurs, qui sont sensibles aux changement de température. En affectant les températures du noyau et de la périphérie du corps, on stimule d’avantage l’hypothalamus et la réponse peut être accrue.

La réponse peut être de plusieurs types : production ou inhibition d’hormones, vasoconstriction, changement du débit respiratoire et cardiaque.

Ci-contre, 3 graphiques présentant les effets de la baisse de température (axe « x ») sur l’efficacité thérapeutique (graphe du haut), sur la température de la peau (graphe du milieu) et sur la température corporelle (graphe du bas).

La vasoconstriction (contraction des vaisseaux sanguins) générée par le froid va, à l’image d’un tube de dentifrice sur lequel on presse, permettre au sang de circuler de la périphérie jusqu’au noyau, emportant avec lui les « déchets » métaboliques.

Inversement, au contact de la température ambiante, en sortant de la cabine, les vaisseaux vont se dilater et du sang « neuf » va alors circuler jusqu’aux extrémités, apportant oxygène et nutriments. Cet effet de « pompe » est également recherché par la cryothérapie, mais aussi dans d’autres domaines de la santé comme les massages ou le sauna par exemple.

L’intérêt du froid pour la santé et pour le sport

plusieurs bienfaits sont attribués aux effets des séances de cryothérapie. Bien que cela puisse se révéler efficace selon le but visé, ce n’est pas un remède miracle. La cryothérapie peut accélérer de nombreux processus de traitements ordinaires et offrir des moments de répit en cas de maux chroniques. Les principaux effets seront antalgiques et anti-inflammatoires.

Il n’y a pas d’effets secondaires négatifs connus à ce jour chez les personnes ne présentant pas de risques (voir les contre-indications plus loin dans l’article). Attention toutefois aux sportifs en prise de masse, une réduction de l’état inflammatoire dans le muscle diminue également les effets de l’entraînement. Dernière remarque avant de présenter les principaux effets observables : non, cryothérapie et perte de poids ne sont pas efficaces. Navré, 3 minutes ne suffiront pas à perdre la masse graisseuse que vous désireriez perdre. Même avec plusieurs séances. Pour cela, le processus est plus long et il est conseillé de se faire guider par des spécialistes de l’alimentation, de l’activité physique adaptée ou un préparateur mental.

Voici maintenant une liste non exhaustive des effets positifs de la cryothérapie :

Dans le sport :

– Diminution des courbatures

– Amélioration du bien-être en récupération par un effet antalgique

– Amélioration des qualités de sommeil

– Baisse des sensations de fatigue post-effort

– Meilleure préservation des qualités de contractions en excentrique

Aucune étude à ce jour ne prouve que la récupération est accélérée. Il est en effet difficile de le démontrer, tant la récupération est multifactiorielle. Une bonne hygiène de vie est déjà primordiale (alimentation, sommeil, dosage de l’entraînement, gestion du stress, etc…). En revanche, on entend plusieurs témoignages allant dans le sens d’une récupération accélérée et le grand nombre de sportifs de divers disciplines utilisants cette technique est non négligeable.

Bien-être et santé :

– Dans l’accompagnement de la guérison de certaines pathologies comme :

– Maladies :

– Neurologiques

– Rhumatologiques

– Inflammatoires

– Respiratoires

– Lésions de la peau et œdèmes

– Amélioration du sommeil

– Sensations de vitalité

– Effets analgésiques, diminution des sensations de douleur

D’après la majorité des études scientifiques sur le sujet, un effet placebo n’est pas à exclure pour certains résultats. Il est en effet très difficile de faire des études en « double aveugle ». C’est-à-dire où les sujets ne sont pas capables de savoir s’ils sont ou non dans une situation de basse température. Le froid étant quasi impossible à simuler. Cependant, aucun effet négatif n’étant réellement à signaler, on ne prend pas de risque à essayer. Malgré ce que laisse à penser l’image ci-dessus, ce n’est pas une expérience fumeuse…

Contre-indications :

Attention, les contre-indications sont multiples mais touchent surtout des personnes souffrant de pathologies particulières ou en situations de fragilité (Alain Frey, 2016) :

– Allergie au froid

– Syndrome de Raynaud (affecte la circulation sanguine des extrémités du corps)

– Lésions dermatologiques

– Cryoglobulinémie (symptômes accrus dans le froid)

– Hypertension artérielle (le froid l’augmente d’avantage)

– Certaines pathologies pulmonaires sévères

– Le port de piercing ou lentilles de contact

– Le port d’un pacemaker

– En cas de grossesse

– Attention avec les mineurs (la température et durée devraient être adaptées !)

Témoignages :

Léna Métraux, athlète de haut niveau : « Pour moi la cryothérapie me permet de récupérer beaucoup plus vite. Par exemple, je ressens les effets quand je fais une séance directement après un entraînement de musculation. J’ai beaucoup moins de courbatures grâce à cela. J’aime aussi beaucoup y aller après une grosse semaine d’entraînement, cela me permet de bien récupérer et d’être prête pour la semaine suivante. J’ai vraiment l’impression que cela m’apporte un état de fraîcheur que je ne peux pas obtenir avec les autres moyens de récupération ».

 Marie-France, 62 ans : « J’ai suivis plusieurs séances pendant plusieurs semaines. Je me sentais beaucoup mieux pendant cette période, moins fatiguée et je dormais mieux. Et en tant que femme, cela a atténué énormément les bouffées de chaleur. J’avais plus énergie, une meilleure circulation du sang et moins de courbatures et de maux de tête disparaît. Du côté négatif, je pense que c’est pas l’idéal à long terme car ça soulage les douleurs, mais ça ne les guéris pas. Avec 10 séances, à raison d’une séance par semaine au début, puis une fois par mois cela suffit pour moi ».
 Yann, 35 ans, sportif du dimanche : « Je dois admettre que j’ai un peu flippé les minutes qui ont précédés ma première séance de cryothérapie. Le fait de ne pas du tout savoir à quoi s’attendre était un peu anxiogène et la fumée froide paraissait un peu angoissante. Mais au final c’est juste comme avoir très froid… Les 2’30 minutes sont passées vite et les 30 » dernières secondes un peu moins mais en sortant de la cabine je me suis instantanément senti bien, voir un peu euphorique. Un peu comme une douche bien froide après un long effort en plein été. C’était top. Par contre, je ne peux pas dire si j’ai ressenti d’autres effets bénéfiques sur le long terme. Il faudrait peut être que je le fasse plus souvent… »
 Moi-même : « Tout allait bien lors des 3 séances que j’ai faites. En sortant de la cabine, j’ai eu une sensation de légèreté très agréable qui m’a suivi 30-45 minutes. N’ayant pas eu de courbatures ces jours-là et n’étant pas sujet à des problèmes de sommeil, je n’ai ressenti aucuns autres effets. Je ne vois personnellement pas d’intérêts d’y retourner tant que tout continue de bien aller pour moi. Je me réjouis en revanche de tester ses effets suite à une activité sportive très intense qui en générale me provoques courbatures et douleurs ».
 Bibliographie :

– Leeder et al., « Cold water immersion and recovery from strenuous exercise: A meta-analysis », BJSports, 2011

– W. Larry Kenney, Jack H. Wilmode, David L. Costill, « Physiologie du sport et de l’exercice », 5ème édition, de Boeck, 2013

– Alain Frey, « Panorama de la cryothérapie », Revue du Podologue, 2016

– Le Page Christine, « Physiologie de l’exercice physique, entraînement et santé », Objectif STAPS, Ellipses, 2016

– G.Lombardi et al., « Whole-Body Cryotherapy in Athletes: From Therapy to Stimulation. An Updated Review of the Literature », Frontiers in physiology, 2017

– « Guide méthodologique de l’utilisation de cryosauna », Krion, 2016

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